![]() |
C'est la vie ! |
Accepter
son sort. Ouin, pas sûre. Parce que la grande question, c’est :
est-ce que je me prends pour une victime, que je m’assoie sur la
maladie et je la prend comme excuse ou si je suis vraiment scrap?
Pour
une fille qui a tendance au perfectionnisme et qui s’est tapée
plusieurs dépressions à cause d’un abus de travail ou de
contrôle, est-ce vraiment une question qui se pose? …
Mais
d’un autre côté, c’est facile de se laisser prendre au jeu de
la « Carte cancer : C’est pas de ma faute, j’ai le
cancer ».
La
difficulté vient donc de séparer, le manque de motivation de la
maladie; la résilience du manque de volonté; ou le courage de
l’entêtement!
Bonne
chance!
Depuis
mon périple cancer, j’ai la chance de rencontrer une psychologue
spécialisée dans le cancer chez les jeunes adultes régulièrement.
Ben, oui, 38 ans, c’est encore jeune;) Au cours des dernières
années, nous avons travaillé sur ma capacité à accepter mon sort.
Un gros morceau.
-
Accepter mon sort? Comme dans : chu une larve et je l’accepte?
j’pense qu’on ne se comprends pas, làlà! Criss, j’ai même
pas 40 ans, j’ai pu de traces de cancer, ça PEUT PAS rester comme
ça!
-
Oui mais admettons que tu resterai dans cet état pour le reste de ta
vie. Si aujourd’hui, durait. Si : "it is what is it! "
-
Impossible.
-
Ha oui?
-
Je refuse. Je vais guérir. Je vais aller mieux. Ça se peut juste
pas. NON! RE-FU-SÉ!
Et
là, je me dis que je l’aime pas, c’te psy!
Et
les mois passent. Et je ne vais pas mieux. Remarque, je ne vais pas
pire, mais titi, je ne vais pas mieux. Alors, un choix s’impose. La
résilience. Mais comment lâchez prise sans abandonner. Là, est
toute la question.
Et
comme elle fait particulièrement bien son job de psy, soit de semer
une tite graine qui éventuellement poussera. L’idée a fait son
chemin. Intérieurement, spirituellement et surtout pas publiquement.
Je pouvais en parler à d’autres amies cancer. Elles sont dans le
même bateau. Mais en parler aux « normaux » c’est plus
ardu… ils vont vous sortir les phrases toutes faites, genre :
-
Est-ce que tu fais de la visualisation? Est-ce que tu veux vraiment
vivre?
-
As-tu changer ta façon de penser?
-
Change ton alimentation, arrête de stresser, médite!
-
Fais du sport!
Vous
voyez de quoi je parle? … Toujours plus facile de donner des
conseils quand on n’est pas dedans. C’est comme quand je jugeais
tout un chacun avant d’avoir un enfant...je parlais à travers mon
chapeau. Tout en sachant que c’est pour mon bien, ou à tout le
moins pour qu’ils se sentent mieux de t’aider avec ces conseils.
Et
une partie de moi, est « normale », mon cerveau m’envoie
déjà ce genre de jugement. Je n’ai pas vraiment besoin des autres
pour ça.
Et
puis un matin, je me suis levée et j’ai accepté. J’ai réalisé
que si j’avais à vivre avec la maladie ou ses séquelles pendant 1
mois ou 10 ans. Aussi bien apprendre à vivre avec et avec le sourire
idéalement.
De
retour chez la psy :
-
J’accepte mon sort!
-
Ha oui? Raconte moi ça.
-
Ben, depuis plusieurs mois, je n’ai aucune amélioration. J’avais
un plan de guérison qui semble ne pas fonctionner (tsé, quelques
mois à la maison sans traitement, j’aurai dû retourner travailler
rapidement). Je suis toujours en convalescence et j’apprends à
vivre avec. Chaque matin que je me réveille, je ne sais pas dans
quel état je serai. Je ne sais pas comment se déroulera la journée.
En
moyenne, je suis « bien » version cancer, c’est à dire
5\10, à peine plus d’une fois par semaine.
Je
vois une ostéopathe, une acupunctrice, un naturopathe, un médecin
de famille, une psychiatre, une psychologue, une massothérapeute,
une ergothérapeute, un kinésiologue. Je mange le mieux possible
(avec des écarts régulièrement, mais y’a un effort), je me
repose entre 2 activités de la vie quotidienne (vaisselle, lavage,
routine avec l’enfant). Je vais nager une fois par semaine.
J’écris, je fais des lectures sérieuses mais pas trop. J’essaie
de prendre l’air tous les jours. Je prends mes médicaments, mes
produits naturels. À l’occasion, je médite ou je me dépose dans
le moment présent. J’ai même une mini vie sociale.
Criss,je
peux pas faire mieux.
Faque,
j’accepte. That’s it. Que ça puisse rester comme ça. Parce que
je ne vois aucunement de quelle façon, je pourrais changer quelque
chose à tout ça. Je fais tout en mon pouvoir pour changer les
choses que je peux changer. Mais il semble que j’ai pas de contrôle
sur pas mal d’entre elles.
-
Tu me rassures. Je voulais valider que tu ne t’asseyais pas sur la
maladie.
-
Je ne crois pas. Je continue à faire tout ce que je peux. Mais
j’abandonne la recherche de résultat. Je fais ce que je peux.
Point.
Et
dans tout ça, j’essaie de trouver les points positifs. Sans
toutefois dire merci à la maladie. Y’a des limites. Mais je peux
apprécier le temps que je passe avec mon fils. J’ai arrêté les
traitements afin de pouvoir passer du temps de qualité avec Chaton.
Afin de lui offrir des souvenirs d’une vraie maman. Et je le lui
offre. Il a une vraie maman, une maman plus fatiguée que les autres,
mais il n’a plus une maman malade et alitée. C’est toujours ça
de pris. Et lors de mes bonnes journées, je créer. Je couds,
j’écris, je fais de l’artisanat, je peux même aller faire un
peu de bénévolat à la garderie. Je prends du temps pour mes
passions. Je pense même à finir l’album de bébé du Chaton…
tsé 5 ans, faudrait que je le termine…;) j’ai même parfois un
peu d’énergie pour faire l’amour à ma douce moitié.
La vie est belle.